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Farouk Ben Miled tire sa révérence

by Archi Mag

Farouk Ben Miled n’est plus. L’un des grands est parti. Voici l’hommage que lui a fait Azzedine Beschaouch :

Voici, racontée d’une plume alerte, et au rythme de l’autobiographie, la légende des jours prestement vécus par Farouk Ben Miled, un architecte qui s’est fait inviter au bal des historiens.
Notre homme; qui apprit l’humanisme auprès de son père, un médecin du peuple, amoureux de la médecine et de la liberté; a la prétention en horreur et la bêtise en détestation. Aussi ne rate-t-il jamais l’occasion de tourner en ridicule les prétendus grands de ce monde, dans un pays où le ridicule ne tue plus.
On le sent amusé et heureux à travers son bêtisier.
Parfois, en sa compagnie, l’on voyage, l’on fait même des découvertes.
La poésie est dans l’air et l’humour nous fait presque oublier les méfaits de la méchanceté ambiante.
Il est rare qu’une lecture aussi rapide permette d’aller si loin et mette au jour les travers d’une société à la dérive, dans un pays inconscient de sa marche vers l’abime.
A bien lire Farouk ben Miled, on se dit qu’une lueur d’espoir, tout de même, persiste !

Azzedine Beschaouch, Carthage 2022.

Farouk Ben Miled

Né le 07 Septembre 1936, il a été parmi les premiers architectes tunisiens à s’installer pour leur propre compte, depuis 1969.
Son agence a exécuté des projets importants en Tunisie et ailleurs, comme le projet Marassi au port de Sidi Bou Said, primé par le prix Aga Khan, et les UV4 à El Menzah. Il a conçu des projets sportifs, hospitaliers, et touristiques.

Après des études à l’Ecole Nationale des Beaux Arts de Tunis, section Architecture (1956 – 1960), Farouk a rejoint l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris (Département Architecture de 1960 à 1968) où il a obtenu le diplôme d’ARCHITECTE D.P.L.G. (Atelier Georges CANDILIS, janvier 1969)

Il a suivi au Musée de l’Homme les Cours d’Ethnologie Maghrébine de Germaine TILLON (1967 à 1968).

Il a été Décoré en 1995 de l’Ordre du Mérite Culturel du Ministère de la Culture.
Il a reçu deux nominations pour le prix Agha Khan d’Architecture, a été l’Invité d’Honneur du Conseil de l’Ordre des Architectes Marocains (Tanger 1978), l’Invité d’Honneur du Conseil d’Architecture et d’Urbanisme du Caire (1997).

Créant son Agence d’Architecture en Janvier 1969, Farouk a réalisé plus d’une centaine de projets majeurs en Tunisie et en Afrique, sans compter ses multiples participations à des Séminaires, Expositions et Publications dans les revues spécialisées.

Parmi ses œuvres, citons le projet primé par l’Aga Khan «Marassi» au port de Sidi Bou Said, les UV4 à El Menzah 6, des structures hospitalières en Tunisie et en Afrique, plusieurs complexes sportifs dont la cité nationale sportive à el Menzah, et de Grandes Réalisations Hôtelières et Touristiques.

El Marassi, Sidi Bou Said

ArchiMag voudrait partager avec vous l’un de ses articles :

Pour un autre tourisme Tunisien,
publié sur Tunisie Numérique :

On n’avance pas avec une imagination figée depuis trois générations, et une conception vieille d’un demi-siècle .
Ils n’en sont pas encore sortis des trois “S”; car il s’agit bien , et vous l’aurez deviné de notre tourisme, obsolète prédateur et dévoyé .Ils n’ont rien appris et ne veulent rien apprendre ni retenir, bien installés qu’ils sont dans leur arrogance de ” mendigot “. Je ne citerais personne, ils se reconnaitront. Ce sont toujours les mêmes, ceux qui ont été les plus gâtés .
Ils sont là à supplier une Albion accusatrice , pour seulement obtenir une grâce prononcée du bout des lèvres et pour laquelle notre pleureuse en chef s’est déguisée pour la circonstance . Ils sont là aussi à accuser Tunis air et son refus du low coast , les TO voraces et impitoyables et surtout des banques qui ne veulent plus couvrir . Pour une fois celles-ci ont raison. Elles s’obstinent à réclamer les sommes astronomiques dues et sans doute sans espoir d’être remboursées. Evidemment les ” pro , les vrais , comme d’habitude, ils font partie des dommages collatéraux et passeront en perte et profit . Maintenant que l’on a habitué des milliers de fellahs , après avoir abandonné leurs terres, à ne savoir que servir et mal dans des hôtels vides . Il faut donc assumer. Nous n’avons droit , bis répétita, qu’à des jérémiades à la télé et des explications fumeuses tout autant que leurs solutions, récitées par les mêmes champions.
Le même baratin bureaucratique, le même ronronnement lénifiant et si peu attractif . Notre expert national en tourisme lui, regrette à la télé le sourire de la Tunisie; piètre argument.
L’autre président de je ne sais plus quelle fédération se lamente sur la météo . On aura tout vu, même l’inauguration d’une boulangerie pour millionnaires ! Aucune vue nouvelle, aucun concept nouveau, rien , toujours le même tourisme de pacotille toujours le folklore à quatre sous , toujours les même breloques fabriquées en Tchéquie ou en Chine devenue à la mode, aux lieux et places de notre artisanat devenu lui aussi de piètre facture . Et on appelle ça une économie touristique pour laquelle il y’a un ministère, un office, une ministre, un PDG , et une armée de” burlingues ” bombant le torse imbibés de leur suffisance d’avoir à superviser sans solution un déficit abyssal .
Le remboursement de la dette personne n’en parle , même pour rire . Rien , toujours la même tambouille, la même gargoulette et les mêmes danseurs de Kerkenna.
Et pourtant , de simples citoyens avec des moyens très modestes , nous ont démontré qu’il y’a un autre mode touristique bien plus intelligent : De simples fermettes, en rase campagne, nous proposent une gastronomie authentique avec d’excellents produits du terroir, devant un paysage grandiose . Borj Lella mérite bien son nom.
Les ” méchouis” sur nos routes restent une formule à améliorer et perfectionner pour en faire de vrais “resto-route” et même plus .Cela ne veut pas dire qu’il faut totalement répudier la restauration touristique actuelle , mais l’actualiser , ainsi que l’hébergement obsolète et cacophoniques avec ses normes hors normes. A revoir aussi la formation et la tenue d’un personnel annoncé pour X étoiles , mais insolent vis à vis de l’indigène. Encore un complexe ! Le vrai tourisme doit être à multi visages , et aux activités diversifiées , il est là aussi pour encourager et créer des nouvelles vocations .
Ce n’est pas encore notre cas .
Où sont nos cavaliers Zlass même avec leurs vieilles pétoires .Où sont nos haras avec leurs légendaires pur-sang arabe .
Les demeures et châteaux abandonnés sur les terres domaniales seraient une possibilité d’hébergement différente et de grande qualité , et ce après les avoir soustraits et restaurés avec un glacis environnemental , du reste des exploitations agricoles. Ils sont malheureusement ignorés ainsi d’ailleurs que notre patrimoine architectural en ruine à quelques exceptions près . La mise en valeur des ouvrages d’art Husseinites ( ponts et ouvrages hydrauliques ) et autres arcs de triomphe en bord de nos routes ( le Krib ) à seulement éclairer , seraient des pub exceptionnelles . Des plaques commémoratives à caractère historique, elles aussi seraient les bienvenues . La table de Jugurtha site naturel politico historique devrait animer un cours d’histoire régionale d’une Académie d’été . Que dire , si ce n’est ce qu’on appelle le tourisme culturel . Nos paysages de grande beauté sont souvent ravagés et défigurés par des hôtels X étoiles pour “mégalo” Certains construits dans une espèce de No mans land, où il n’ya rien d’autre à faire que boire une eau diurétique à la gloire de la prostate. Cacoub lui au moins les a traités avec plus de respect . Eh oui , n’est pas grand Prix de Rome qui veut . D’autres paysages aussi ont été balafrés par des nouveaux tracés de route dessinés au cutter (Testour-Teboursouk). Où en est-on de la formation de vrais guides conférenciers . Pourtant la richesse et la variété des sujets s’y prête . Rien , au mieux.Des spéléologues pour faire visiter les grottes du Serj ,où sont-ils ?
Ce serait d’un grand profit pour la région . Toujours rien …..
Personnellement , je considère que l’achèvement de l’autoroute du nord mettrait Bou Salem à une demi-heure de la Trans maghrébine déjà au rendez-vous à la frontière tunisienne , ceci multiplierait par 4 au moins les entrées de nos voisins, nonobstant le stupide intermède de la taxe sur les véhicules .
Le rétablissement des lignes ferroviaires Tunis Alger et Tunis Tebessa feront de même, sans oublier la plus belle Tunis Tabarka , qui plus est , soulagerait nos routes toujours encombrées. Des croisières en train seront aussi des nouvelles possibilités à succès assuré , prouvé ailleurs et bien d’autres idées à avoir et revoir . Eh bien non , on continue à investir des sommes faramineuses dans des hôtels casernes , difficiles à défendre et à contrôler , impossibles à remplir autrement qu’avec des congés payés all inclusive , et surtout à la rentabilité impossible sans les avantages fiscaux et autres D’ailleurs là aussi une vraie comptabilité est absolument à prévoir ou revoir pour rétablir la réalité et la vérité des coûts . La Plaisance , cette oubliée , pourtant grande génératrice de profits et de nouveaux métiers , et technicité , d’autant que le gros de l’investissement y est déjà . Quelques travaux supplémentaires dans les nombreux ports de pêche déjà construits, et accessoires de sécurité dans les criques compléteront ce dispositif .
J’arrête ici ces listes hélas trop longues mais disponibles .
Donc oui au tourisme, mais différent de l’actuel , uniforme , structurellement vulnérable et nécessairement déficitaire et surtout très permissif à la corruption.

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